Le jour où je suis devenu partenaire d’un festival de reggae
Patrice, 49 ans, est céréalier dans le Jura.
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« Chaque été depuis six ans, je mets une douzaine d’hectares (1) à la disposition du festival de Reggae No Logo. Cet évènement fait 15 500 entrées par jour pendant trois jours, soit 46 500 visiteurs. Cette manifestation ayant lieu au début d'août, j’ai dû remplacer le maïs par des céréales à paille, récoltées à temps. Mes parcelles servent pour les entrées, les parkings et l’espace de camping. En contrepartie, je reçois une indemnisation à l’hectare et des invitations gratuites que je distribue autour de moi. Malgré la charge de travail que j’ai à cette période avec les semis d’une quarantaine d’hectares de colza, je m’organise pour aller dîner sur le site ou assister à un concert. C’est un moment de détente.
« Je me suis pris au jeu et je me sens impliqué »
Festivalier moi-même quand j’étais plus jeune, j’en étais resté au Reggae de Bob Marley. J’ai découvert le DUB, reggae électronique ainsi que le back-office d’un festival. Curieux de tout, j’observe l’organisation collective et la logistique sans faille. Je me suis pris au jeu et je me sens impliqué. Dans l’espace VIP, j’élargis le cercle de mes connaissances. Les choses pourtant avaient mal commencé. Trois ans après le démarrage de l’événement, les festivaliers ont commencé à empiéter sur mes parcelles.
Malgré la présence de 135 toilettes sèches sur le site, les gens préféraient aller dans la nature, dans mes maïs en l’occurrence. Il y avait des dégâts en permanence sur ces cultures : maïs piétinés, épis coupés. Avec l’organisateur, Florent, on s’engueulait. Un jour où j’étais en colère, je suis allé le voir et j’ai vidé mon sac. Je voulais juste qu’on respecte mon travail. Désormais, il n’y a plus de problème dans les champs. Ces derniers sont restitués propres. Avec l’organisateur, on joue carte sur table, on s’entend bien.
On est partenaire. J’ai été sollicité pour venir parler de l’ACS (agriculture de conservation des sols) sous le chapiteau, là où sont proposées chaque jour des animations. Je rencontre des festivaliers de tout âge dont des enfants d’agriculteurs. Si un jour le festival n’a plus lieu chez moi, ça me manquera. Côtoyer des gens comme Florent qui est à l’écoute de son public et qui joue la carte du local en intégrant les associations à son festival, me donne la pêche. »
(1) Sur 200 ha dont 180 ha de cultures.
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